vendredi 3 août 2012

Bye bye Madrid

Voilà Madrid c'est fini... et il y aurait encore tellement à dire.

J'aurais pu évoquer ici :

- les 84 centres culturels municipaux de quartiers qui, avec un total de 120 animations par trimestre font un travail de proximité important et remarquable,
- ma dernière visite de chantier, la "Casa de Fiera", ancienne "maison des fauves" royale, en cours de restauration, qui deviendra prochainement une bibliothèque municipale,
- le petit miracle quotidien que relève tous les jours l'équipe de coordination pour faire vivre le Matadero, avec un budget d'1 million d'euros, dont 60% de fonds propres à trouver : de l'arrosage quotidien des plantes de la Calle Matadero à la co-production de la Fête de la Musique sur 4 jours,
- le plan E de 2009 pour stimuler l'économie et l'emploi en Espagne, qui a permis aux municipalités, dont Madrid, d'investir toujours plus dans la restauration d'édifices pour la culture, plan notamment critiqué aujourd'hui,
- la "marea negra" (marée noire) tous les vendredis à midi, mouvement solidaire des fonctionnaires de la Ville qui se regroupent pour une photo devant l'entrée de l'Hôtel de Ville, tous vêtus de noir, en signe de protestation contre les baisses de salaire, la suppression des primes et des avantages sociaux,
- et en dehors de la Mairie, le dynamisme des associations, des collectifs, le concept d'"autogestion" trés fort ici, développé notamment par les lieux culturels alternatifs,

Mais je souhaite pour finir évoquer l'accueil plus que GENEREUX reçu tout au long de ces semaines.


Alors UN GRAND MERCI à TOUS et en particulier :



Impossible d'échapper à la photo de groupe...

A la Mairie de Madrid

Un grand merci à Tim, qui m'a accueillie dans son équipe, à Anna, Pilar, Maria José et Javier pour nos riches échanges et visites, à Rosio pour nos échanges "en français" et sa toute douceur et gentillesse, à Javier et Noelia, pour leur présence, Ascension pour nos petites discussions et les invitations nombreuses, à Yolanda, Antonio, John, Anna, Jaime, Carlota, Isabel, Sarah, Ingrid, Daniel, Augustin, Emilio, Carlos, ..., pour leur gentillesse à tous, ainsi qu'à tous ceux cités au fil des pages de ce blog pour les entretiens accordés, et à tous.

Et puis tout particulièrement à Gloria pour son accompagnement quotidien et affectueux, avec une vraie gentillesse, une attention et une sensibilité qui m'ont beaucoup beaucoup touchée, et une vraie passion pour son métier, à Amparo pour sa présence, ses mille et un conseils et son amitié immédiate, à Carlos, pour toutes les visites et escapades passionnantes et son enthousiasme contagieux...

Un énorme merci aussi à Chechu, pour sa présence attentionnée, sa grande gentillesse, son sens de l'accueil et la fameuse soirée sous le signe d'Haïti...

 

Au Matadero

Un énorme merci à Pablo bien sûr pour m'avoir ouvert les portes du Matadero, mon attachement pour ce lieu existait déjà puisque qu'il est entre autre à l'origine de ma mission à Madrid mais ce séjour sur place n'a fait que le renforcer, sa délicatesse et son humour,
et à Pepa, pour son extrême gentillesse, sa pêche redoutable, son attention quotidienne, et son sourire,
mais aussi à tous, Marta, Sonsoles, Manuela, Ané, Gustavo, Vanessa, May, Concha, Julieta, Azucena, Zoé, Gabriel, Marcos, Monica, Pedro, Oswald, et tous les autres...

A l'Institut français

Merci à Nicolas pour son attention fidèle, ses bons conseils et toutes ses "mises en contact" fructueuses, et à Alain pour son accueil toujours chaleureux...

Et à Paris

Un grand merci à Bernard, pour son plus que soutien, à Elsa, pour ce qu'elle sait déjà...
Un merci tout particulier à Valérie, Jutta et Andréa, qui ont vraiment "assuré"...
A Pierre et Isabel, pour leur grand soutien, leur suivi et leur attention,
A Jérôme, Juliette et Claire, qui ont pris le relais, vaillamment,
Et à tous à la DGRI, pour les petits messages des uns et des autres, les encouragements...

Messages personnels

Un grand grand merci pour les visites, qui m'ont fait très très plaisir, Gaëlle, Nono, Alice et Cécilia.
Un énorme merci pour les gardes d'enfants, Betty et Willy, Annie et Jean-Paul .... et  Sarah, Gaëlle et Alain.

Et MERCI à Mat, pour TOUT, vraiment, et pour Eva et Lou.

Et une pensée à Carmen, et donc aussi à Gaëlle, qui m'a souvent accompagnée ici à Madrid...

Merci à ceux qui ont pris le temps de lire ce blog retraçant mon immersion dans la vie culturelle madrilène et dans la politique culturelle de la municipalité, en plein changement...

Et en conclusion

Pour terminer ce blog, et pour ceux qui auront eu le courage d'aller au bout des remerciements (pardon c'est un peu long mais important), je souhaite citer Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture en France :
"La culture n’est pas un luxe, ni un supplément d’âme.", citation qui prend tout son sens ici en Espagne, à Madrid, en cette période de doutes, de crises, de bouleversements...

Mas Matadero / Matadero Plus !

J'ai quitté le Matadero et suis revenue pour cette dernière semaine à la Mairie.
Je suis loin d'avoir fait le tour mais j'ai pu voir la quasi totalité des institutions présentes.

Le Matadero a une place particulière dans ce blog puisqu'une des raisons de ma mission ici était d'en étudier le fonctionnement, par conséquent pas mal d'articles y sont liés, comme
- la présentation générale

Cependant, après deux semaines passées sur place, les visites, les nombreux entretiens que j'ai eu et après avoir vu certaines animations, d'autres projets et d'autres rencontres méritent une courte présentation ici :

 

Evénements et projets produits par le Matadero

1- Le "Ranchito"

Le Ranchito est un projet pour la recherche et l'expérimentation qui permet à des artistes de bénéficier d'espaces de travail dans le Pavillon 16 du Matadero. Les 5 ateliers font 48 m² et sont mis à disposition entre une semaine et 6 mois. La sélection se fait via un appel à candidatures géré par l'équipe de programmation de la coordination, dont la responsable est Manuela Villa. En juillet et août, les artistes accueillis sont La Pandemonio, Maya Watanabe, Felipa Manuela, Anak &  Monoperro, Luis Úrculo, Pensart, Rafael Munárriz y Gremio.
Des "portes ouvertes" au public ont lieu régulièrement.


2- Terraza Matadero, Escaravox  et Escaravox Populi




 
Tous les jeudis et les vendredis pendant l'été, en partenariat avec les bières Mahou Cinco Estrellas, des concerts gratuits en plein air sont programmés, sous ces grandes structures avec de la toile imaginées par Andrés Jaque Arquitectos, nommées Escacavox.



L'originalité de ce projet réside dans le fait que la programmation est mixte :  les jeudis, c'est le collectif !Ja! qui propose des groupes, des artistes, des performances, etc., les vendredis c'est un appel à candidatures "Escaravox Populi" : Matadero Madrid offre la possibilité aux habitants d'envoyer des propositions pour la programmation. Tous les types de projets peuvent être présentés avec une préférence pour les projets contemporains, interdisciplinaires, suscitant la surprise, pour tout type de public...


 

Intermediae

Architecture Arturo Franco - ouvert en février 2007.
Cette structure des Affaires culturelles de la Ville rattachée à MACSA (voir mon article ici) est la première institution à s'être installée au Matadero en 2007. Le symbole est fort car la démarche d'Intermedia se situe vraiment dans l'expérimentation des pratiques et du montage de projets culturels. Son action est basée sur la participation active des citoyens. Intermediae, centre de ressources à vocation transdisciplinaire, laboratoire de production de projets et d'innovation social, ouvert au dialogue et à toute proposition, développe un programme pour le public. Il travaille avec la communauté sur des thèmes comme l'écologie, l'art et la culture, le jeu comme outil d'exploration. La démarche reste collective et ouverte, les projets sont à l'initiative de la population et Intermediae a vocation à les accompagner plutôt qu'à bâtir une programmation, et ensuite dépenser son énergie à "attirer" le public. Cette démarche, qui m'a vraiment intéressée, est donc plutôt l'inverse de ce qu'il se fait en général en matière de politiques culturelles et d'ouvertures d'espaces.
Parmi les actions et projets réalisés en 2012, on peut citer les Journées de la Banque d'échanges de semences et de graines, la Fabrique de cinéma sans auteur, l'Occupation poétique, etc...
Un grand merci à Azucena Klett pour la présentation.



AVAM

Ouvert en 2011, c'est le plus petit espace au Matadero (60 m²).
L'association des "Artistas Visuales Asociados de Madrid" (AVAM) offre à travers cet espace des services spécialisés en direction des professionnels du secteur d'Art contemporain, en réseau avec les Ateliers d'AVAM de Pradolongo. L'association défend les droits des artistes et milite pour un meilleur statut professionnel qui fait défaut dans la législation en Espagne. Plus de 600 artistes sont affiliés à cette association, créée en 2003.
C'est une association indépendante, subventionnée par la Ville, qui a mis en place les premiers ateliers d'artistes à Madrid.
En effet,TALLERES AVAM est un programme pour les arts plastiques et visuels, doté de 4 ateliers d'artistes (entre 30 et 47 m²). Chaque année un appel à candidatures est lancé. Ce programme se fait en partenariat avec à la Ville de Madrid, les  directions des Affaires culturelles et du Logement.
Un grand merci à Julieta de Haro, directrice de AVAM pour la présentation passionnée et passionnante de cette association, à Carlos Baztán pour la visite des Ateliers, et toutes les autres visites tout aussi riches, et à Alejandro Alcázar de Velasco, artiste résident, pour la visite de son atelier et la présentation de son travail.


Casa del Lector / Maison du lecteur

Architecture Ensamble Studio, Antón García-Abril - ouverture prévue en octobre 2012 - 8.000 m²
Cet espace vient d'une initiative privée, la Fondation Germán Sánchez Ruipérez, qui a pris en charge toute la restauration de l'édifice, en respectant l'esprit des lieux et qui en a défini le concept, plaçant le livre et le lecteur au cœur du projet culturel. Trois pavillons forment ce nouvel espace très attendu de la Fondation Germán Sánchez Ruipérez, institution de référence au niveau national et international, pour la promotion et la diffusion de la lecture, créée en 1981 par l'éditeur du même nom.
Après avoir visité le lieu, je me pose la question : comment le Matadero va "digérer" ce nouveau résident aux moyens privés décuplés, alors que les moyens du centre baisse presque au jour le jour ? Les moyens alloués à la restauration ont créé un espace ultraléché, qui, à mon avis, reflète moins l'esprit des lieux que l'on retrouve dans les autres pavillons.
Pablo Berástegui, coordinateur général, se plaît à définir le Matadero, comme un corps composé de différents organes, qui ont tous une fonction bien propre et tous besoin les uns des autres. Je suis curieuse de voir à l'automne comment cette greffe va prendre, comment elle va se faire accepter par ce corps, comment sa puissance va irriguer le corps, comment elle va apporter de nouvelles fonctionnalités à l'ensemble, un esprit différent et sûrement des publics autres...

 

Central de Diseño



Architecture Jose Antonio Garcia Roldán -
2e espace après Intermediae ouvert en 2007.
Espace dédié au design sous toutes ses formes (graphique, industriel, mode, etc.).
Le Centre est géré par la Fondation des Designers de Madrid, mis en œuvre par l'association du même nom (DIMAD), qui existe depuis 2004. La gestion est autonome. L'équipe permanente se compose 5 personnes.
En 2011, la Central de Diseño a accueilli 90.000 visiteurs, 12 expositions, 19 ateliers jeune public, 4 défilés....
Un grand merci à May Valdecantos et Concha Moreno pour la présentation.
Tous les ans, la ville de Madrid et l'association professionnelle des designers de Madrid (DiMad) organisent en novembre une manifestation, d'une durée d'un mois environ, consacrée au design. Les années paires, la biennale est dédiée au design ibéro-américain. Les années impaires, un pays est invité à présenter ses créations et ses créateurs, comme la Finlande, la Hollande. Entre novembre 2011 et mai 2012, DIMAD a invité la France, avec une place particulière pour Paris, capitale de la création.
En effet, en partenariat avec les Instituts français de Paris et de Madrid, les Ateliers de Paris ont pu présenter, avec l’aide de la DGRI (Délégation générale aux Relations internationales de la Ville de Paris), l’exposition  « Design de jeunesse », dans le cadre de l’ « Emoi du Design » à Madrid (novembre 2011 – mai  2012). Les Ateliers de Paris ont ainsi participé au rayonnement international du design, de la mode et des métiers d’art parisiens. Pour en savoir plus, c'est ici.
Vues de l'exposition des Ateliers de Paris au Matadero



Lily & Léa

L'homme du Matadero



Je n'en ai pas encore fini avec le Matadero car je voulais vous présenter Pablo Berástegui, coordinateur général de cet espace culturel hors du commun.
Après avoir été directeur de Nuit Blanche et de PhotoEspaña plusieurs années,  il coordonne depuis 2008 le Matadero, développe les projets et animations propres au lieu, lui donne unité et cohérence, dans le respect de chaque entité présente, fait le lien avec l'administration centrale... A peine plus de 10 personnes travaillent à ses côtés.

Pablo a accepté de répondre au questionnaire de Proust. Merci !

1- Les principaux traits de mon caractère. 
Affable, généreux, impatient, curieux
2 - La qualité que je préfère chez un homme. 
La loyauté
3 - La qualité que je préfère chez une femme.  
La loyauté
4 - Ce que j’apprécie le plus chez mes amis. 
La tolérance
5 - Mon principal défaut.
L'inconstance
6 - Mon occupation préférée.
Marcher
7 - Mon rêve de bonheur. 
Disposer de mon temps
8 - Quel serait mon plus grand malheur ?
Faire du mal à mes proches
9 - Ce que je voudrais être. 
Je suis bien dans mon corps
10 - Le pays où je désirerais vivre. 
Près de la mer
11 - La couleur que je préfère. 
L'indigo
12 - La fleur que j’aime. 
Les hortensias bleu
13 - L’oiseau que je préfère. 
Aucun en particulier
14 - Mes auteurs favoris. 
Camus, Bolaño, De Lillo, Kawamata,…
15 - Mes poètes préférés. 
Pessoa, Lorca, Wilthman, Auden
16 - Mes héros dans la fiction. 
Tintin
17 - Mes héroïnes favorites dans la fiction. 
Aucune en particulier
18 - Mes compositeurs préférés. 
Joao Gilberto, Miles Davis, Nick Drake,…
19 - Mes artistes favoris. 
William Eggleston, John Baldessari, Gerhard Richter, Louise Bourgeois
20 - Mes héros dans la vie réelle. 
Toute personne qui oeuvre pour un monde meilleur
21 - Mes héroïnes dans l’histoire. 
María de Maeztu ou Rosa Parks
22 - Mes noms favoris. 
Ceux qui ont quelquechose de siginificatif
23 - Ce que je déteste par-dessus tout. 
L'ínjustice sous toutes ses formes
24 - Personnages historiques que je méprise le plus. 
Les tirans
25 - Le fait militaire que j’admire le plus. 
Aucun en particulier
26 - La réforme que j’estime le plus.
La conquête des droits civils
27 - Le don de la nature que je voudrais avoir.
Pouvoir voler
28 - Comment j’aimerais mourir. 
Rassuré, tranquille
29 - État présent de mon esprit. 
Inquiet
30 - Fautes qui m’inspirent le plus d’indulgence. 
Presque toutes
31 - Ma devise. 
Une journée qui passe, une journée qui ne se reproduira pas...

Et en espagnol


1. Los principales rasgos de mi carácter. Afable, generoso, impaciente, curioso
2. La cualidad que deseo en un hombre. Lealtad
3. La cualidad que deseo en una mujer.  Lealtad
4. Lo que más aprecio de mis amigos. Tolerancia
5. Mi principal defecto. Inconstancia
6. Mi ocupación favorita. Caminar
7. Mi sueño de felicidad. Disponer de mi tiempo
8. Lo que para mí sería la mayor desgracia. Hacer daño a mis seres queridos
9. Quién me gustaría ser. Estoy contento en mi cuerpo
10. Dónde me gustaría vivir. Junto al mar
11. Mi color preferido. Índigo
12. La flor que más me gusta. Las hortensias azules
13. Mi ave favorita. Ninguna en particular
14. Mis autores preferidos. Camus, Bolaño, De Lillo, Kawamata,…
15. Mis poetas favoritos. Pessoa, Lorca, Wilthman, Auden
16. Mis héroes de ficción. Tintín
17. Mis heroínas de ficción. Ninguna en particular
18. Mis compositores preferidos. Joao Gilberto, Miles Davis, Nick Drake

19. Mis artistas favoritos. William Eggleston, John Baldessari, Gerhard Richter, Louise Bourgeois

20. Mis héroes en la vida real. Cualquier persona corriente que trabaja porque el mundo sea mejor
21. Mis heroínas históricas. María de Maeztu o Rosa Parks
22. Los nombres que más me gustan. Los que tienen algún significado
23. Lo que más odio. La injusticia en cualquiera de sus formas
24. Los personajes históricos que menos me gustan. Tiranos
25. La campaña militar que más me gusta. Ninguna en particular
26. La reforma que más aprecio. La conquista de los derechos civiles
27. El don de la naturaleza que me gustaría tener. Poder volar
28. Cómo me gustaría morir. Tranquilo
29. El estado actual de mi alma. Inquieta
30. Las faltas que puedo soportar. Casi todas
31. Mi lema. Día que pasa, día que no vuelve

mardi 31 juillet 2012

Plus de 640.000 visiteurs pour PhotoEspaña2012

Le festival PhotoEspaña2012


En arrivant à Madrid, il y a déjà presque deux mois, s'inaugurait le festival international PhotoEspaña2012. Il s'est achevé le 22 juillet totalisant plus de 640.000 visiteurs depuis le 2 juin, et ce malgré le climat de crise difficile et les 25% de budget en moins. Le budget était de 2.359.000 euros ( 24% du public et 76% du privé), réparti de la façon suivante :
- Production des expositions 1.343.400 euros
- Production des activités 333.700 euros
- Frais d'organisation 186.600 euros
- Frais de communication 187.000 euros
- Publicité 308.300 euros

Le festival a présenté quelques 70 expositions, avec 300 artistes de 45 pays. Le commissaire général de cette 15e édition était Gerardo Mosquera et la directrice du festival, la française Claude Bussac.


L'occasion d'aborder deux sujets : le Circulo de Bellas Artes et La Fabrica.

Le "Circulo de Bellas Artes"


Sculpture monumentale de Minerve, du sculpteur Juan Luis Vasallo, installée en 1966 sur la terrasse.

Grâce à PhotoEspaña, j'ai découvert à Madrid le "Circulo de Bellas Artes", le cercle des Beaux-Arts (CBA) : entité culturelle privée à but non lucratif déclarée "Centre de Protection des Beaux-Arts, d'utilité publique". C'est un centre culturel pluridisciplinaire, qui propose des activités allant des arts plastiques à la littérature en passant par la science, la philosophie, le cinéma ou les arts de la scène. CBA est un des centres culturels privés des plus importants d'Europe, dans les domaines de la création, de la diffusion, et de la gestion culturelle.

Dans le cadre de PhotoEspaña étaient présentées 3 expositions, dont une sur l'Azoteca, la magnifique terrasse avec vue panoramique de presque 360° sur Madrid, identifiable depuis la Gran Via par la sculpture monumentale de Minerve, de Juan LuisVasallo.
Il s'agissait de l'exposition présentant les lauréats du concours "Odisea. Una ciudad. Tu mirada".



Une autre exposition "Aquí estamos" réunissait les images de Richard Avedon, Richard Billingham, Paz Errázuriz et Lilla Szász. C'est une photographie de Paz Errázuriz, représentant un boxeur, qui a d'ailleurs été choisie pour l'affiche et la communication du festival cette année.

"Caballeros de Bacongo", avec des photographies de Daniele Tamagni, nous emportait en République du Congo, dans l'univers des Sapeurs, membres de la SAPE, Société des Ambianceurs et des Personnes Elégants.

Et pour ceux qui sont à Madrid entre maintenant et fin septembre, je recommande vivement "La Maleta Mexicana. Robert Capa, Gerda Taro, Chim (David Seymour)", organisée avec le "International Center of Photography (ICP), exposition qui montre des photographies inédites de la Guerre Civile Espagnole, retrouvées au Mexique en 2007, 70 ans plus tard, après un mystérieux voyage.

Un lieu à découvrir, qui a le mérite de pratiquer un politique tarifaire des plus abordables : l'entrée aux expositions coûte 2€ et avec l'accès à la terrasse, 3€.


La Fabrica




En 2e point, je voulais aussi évoquer l'entreprise culturelle La Fabrica, à l'origine de PhotoEspaña.
La Fabrica existe depuis 18 ans et si son directeur, Alberto Fesser, devait résumer en un mot le coeur de son action, ce serait le mot "collaboration", en témoigne PhotoEspaña qui réunit le secteur privé, comme le public, tout niveau institutionnel confondu. Au fil du temps, La Fabrica a diversifié son champs d'action : à la fois maison d'édition - le trés beau livre, "les cahiers de Hopper" lié à l'exposition Edward Hopper, en ce moment au musée Thyssen-Bornemisza est une de leur production-, producteur d'expositions itinérantes, mais aussi organisateurs du festival de cinéma visible sur le web Notodofilmfest. En ce temps de crise, il semble que La Fabrica tire son épingle du jeu grâce à la diversification de ses activités et à sa capacité à faire collaborer ensemble tout type de structure.

lundi 30 juillet 2012

La culture pour tous, faite par tous

Une consultation publique pour une nouvelle stratégie culturelle
 

Fernando Villalonga Campos, adjoint à la culture de la Ville de Madrid, le 26 juillet à l'Hôtel de Ville

Jeudi 26 juillet, l'Ajoint à la Culture de la Ville de Madrid a présenté publiquement l'avant-projet du PECAM , Plan Estratégico de Cultura del Ayuntamiento de Madrid (plan stratégique pour la Culture de la Ville de Madrid).

Une nouvelle politique municipale est en marche dans la capitale espagnole et parmi les outils mis en place pour la dessiner : une consultation publique, ouverte à tous pour définir cette politique.

Comme je l'expliquais précédemment, l'équipe municipale a changé il y a quelques mois et en matière culturelle, les évolutions sont notables.
Pour mémoire, la Maire, Ana Botella Serrano (Parti Populaire), a remplacé Alberto Ruiz-Gallardón (Parti Populaire, mandats de 2003 à 2011), nommé Ministre de la Justice dans le Gouvernement de Mariano Rajoy (fin 2011).  Elle a nommé un nouvel adjoint à la culture Fernando Villalonga Campos, qui lui-même a recomposé l'equipe des Affaires culturelles, avec comme directeur général Timothy Chapman (l'organigramme est ici).

L'équipe entrante souhaite donner un autre souffle à la politique culturelle municipale, au regard de la nouvelle donne économique et sociale du pays.
Passé le temps des rénovations, des créations de nouvelles infrastructures culturelles et de la  mise en marche des trois grands centre culturels urbains (Matadero, Conde Duque, Centrocentro), vient le temps de doter ces équipements de contenus, notamment pour les deux plus récents que sont le Conde Duque et Centrocentro.

Fernando Villalonga a exposé les grandes lignes de ce projet PECAM, l'originalité de la consultation publique, qui pour la première fois à Madrid concerne la politique culturelle dans son ensemble. Service public ou entreprise privée, professionnel ou citoyen, artiste ou association, tout le monde est invité à donner son avis et à participer aux débats en octobre.

Fernando Villalonga a justifié la nécessité d'un changement de cap du modèle culturel "quand une incohérence surgit entre l'"establishment" existant et les nouvelles nécessités". Il a ajouté "ce processus de débat que nous initions aujourd'hui sera, nous l'espérons, une manière démocratique et transparente de pouvoir définir l'intérêt général en matière de culture dans la Ville de Madrid pour les années à venir. L'autocritique - c'est-à-dire, la capacité d'évaluer et de détecter les améliorations possibles - va être un engagement essentiel dans cette tâche".

"Le présent nous rattrape" selon Villalonga, qui se souvient,  il y a six mois, quand il est devenu Délégué des Arts (Adjoint à la Culture), s'être trouvé face à deux réalités :
"- l'effort en investissement dans les infrastructures et les activités culturelles réalisé par l'équipe antérieure ne peut pas être durable en temps d'austérité, et
- la vie culturelle de la Ville a beaucoup changé, et changera d'autant plus avec la crise."

Un exemple selon Villalonga de disfonctionnement : les 7 théâtres municipaux coûtent 23 millions d'euros par an, difficiles à justifier selon lui, quand on sait que le taux de remplissage des salles est de 43% en moyenne.



Théâtre au Matadero

Il s'est montré très critique sur la politique culturelle antérieure, parlant de "gaspillage d'argent public en infrastructures" et de "copinage" pour l'attribution de subventions. Le ton est donné, le décor est planté, pour amorcer une nouvelle politique sous la bannière "la culture pour tous", conduite grâce au nouvel outil, le PECAM.

Et je rajoute "faite par tous" : "La culture pour tous, faite par tous"
Le dépliant d'information sur le PECAM est d'ailleurs intitulé "La cultura de Madrid a consulta", "la culture de Madrid en consultation" et il insiste sur l'aspect participatif de cet outil, collaboratif et ouvert à tous, une démarche originale en tout cas, qui a été relayée dans la presse locale et nationale dès le lendemain.


¿ Le PECAM ? 


Ce plan stratégique pour la culture de Madrid (2012-2015), mis en place par les Affaires culturelles, sera un outil d'analyse et d'étude des politiques culturelles locales (en relation avec tout le secteur public ainsi que le privé), qui permettra d'identifier les actions à mener à moyen et long terme, une feuille de route pour tous.

Concrètement, l'avant-projet du PECAM, téléchargeable ici, compte déjà 634 pages. Réalisé avec l'aide de 41 experts, il présente une "photographie" de la culture à Madrid, dans sa globalité, analysant autant l'offre municipale que l'offre nationale et celle de la Communauté autonome de Madrid (qui possède aussi des compétences en matière culturelle).
Il invite au débat, car sur chaque thème, comme les arts de la scène, les arts numériques, la musique, la création littéraire, etc., l'existant est analysé et des propositions sont faites, qui seront débattues lors des journées de réflexion...

Parmi les propositions :
- développer les résidences et les ateliers d'artistes
- faire de Madrid une ville refuge pour les écrivains, en adhérant au réseau international ICORN. A Paris nous appartenons à ce réseau depuis début 2011 et accueillons à ce titre l'écrivain dessinateur iranien Mana Neyestani (à lire ici)
- créer au Matadero un espace pérenne dédié à la danse
- organiser des expositions d'Art contemporain dans le métro
- favoriser les tournages dans la ville de Madrid
- créer le Pacte de Madrid pour le théâtre, etc.

Le calendrier  : 5 mois pour une  nouvelle politique culturelle

26 juillet : Présentation publique de l'avant projet PECAM et de la démarche
26 juillet -10 octobre : Période de consultation publique sur Internet
24-25-26 octobre : 3 journées de réflexion et de débat ouvertes à tous
Novembre-Décembre : Rédaction définitive du PECAM
Décembre : Présentation publique du PECAM 2012-2015


En conclusion

En fin de présentation, un débat ouvert a eu lieu puisqu'étaient invités en table ronde des acteurs culturels autres que municipaux : Joán Picanyol, coordinateur du Festival Fringe Madrid, qui a lieu en ce moment au Conde Duque, dans le cadre des "Veranos de la Villa", qui tenait le rôle de modérateur, Ferran Barenblit, directeur du Centre d'Art "Dos de Mayo" (CA2M) de la Communauté autonome de Madrid, Marta Palacios Anaut, impliquée dans le Centre social autogéré "La Tabacalera" de Lavapiés depuis 2009, et Rafa de Ramón, entrepreneur créatif et fondateur de Utopic_US.

La conclusion est revenue à Carlota Alvarez Basso, directrice générale de la direction de la Planification et de l'Evaluation (direction créée il y a peu au sein du "Gobierno de las Artes"), dont une des missions principales est de coordonner et de mettre en œuvre l'avant-projet PECAM et toute la démarche PECAM. Elle a choisi une citation de l'artiste espagnole Dora Garcia "L'art est pour tout le monde mais seulement une élite le sait".

Démarche à suivre donc...

vendredi 27 juillet 2012

Pavillon de musique, Red Bull et Matadero

Le Pavillon de musique au Matadero : une gestion partagée publique / privée




Au départ, la Red Bull Music Academy devait se tenir à Tokyo...


La Red Bull Music Academy est un événement musical nomade qui depuis 14 ans se célèbre dans une ville du monde. Elle accueille quelques 70 jeunes participants sur sélection ainsi que des musiciens confirmés, des producteurs...

En 2011, la Red Bull Music Academy était prévue à Tokyo mais du fait du tremblement de terre de Fukushima, un autre lieu a dû être cherché en urgence, laissant aux organisateurs seulement 5 mois pour trouver une solution de rechange et la mettre en œuvre.

Matadero Madrid a relevé le défi, avec l'accord et le soutien de la Mairie, en accueillant l'événement au Pavillon de la Musique.
En urgence, une infrastructure a été créée, dans cette autre pavillon non encore utilisé, avec des bureaux, 


des studios d'enregistrement, 


une salle de concert, 


un espace de conférences et un "lounge".




Les exigences acoustiques de ce Pavillon ont prédéterminé l'architecture des structures créées, volume, géométrie, matériaux utilisés, etc. Les travaux ont duré deux mois et finalement, de manière improbable, la Red Bull Music Academy a pu se tenir au Matadero Madrid en 2011, après Londres, Barcelone, Toronto, Melbourne, Seattle, Rome, Cape Town, Sao Paulo, New York, Dublin, Berlin.
En 2012, Red Bull Music Academy retourne à New York.

Le Pavillon de musique, ouvert à l'automne 2011, a été conçu par les architectes Langarita-Navarro (4.750 m²).



Et après ? Entre Red Bull et Matadero, l'histoire continue...

Après cette expérience réussie, Red Bull reste au Matadero. Une convention a été signée avec la municipalité de Madrid et jusqu'à maintenant public/privée cohabite en bonne intelligence et donne vie à ce Pavillon de musique, qui n'aurait pas pu voir le jour sur les seuls fonds de la Mairie de Madrid. 

Pedro Portellano (que je remercie pour la visite), mandaté par Red Bull, responsable du lieu, et l'équipe de coordination du Matadero, ont pleins de projets pour la saison 2012/2013. Outre une programmation de concerts et un programme pour l'occupation des studios d'enregistrements, la nouveauté serait de mettre en place des résidences d'artistes, à raison de 6 musiciens tous les 3 mois, sous forme d'appel à candidatures. Dans un premier temps, ce programme s'adresserait à des artistes madrilènes, pour rester dans la mission première du Matadero qui consiste à dynamiser le tissus artistique local. 

Autre perspective : développer des programmes éducatifs, travailler avec des écoles pour occuper l'espace : toute la chaîne de production musicale est sur place, des studios de répétition aux studios d'enregistrement, de la salle de concerts à l'espace conférence multifonctions, ce serait dommage de s'en priver. 

On parle même d' une radio Matadero, depuis le Pavillon de musique ...





mercredi 25 juillet 2012

Rassemblement devant le musée Reina Sofía


Rassemblement hier devant le musée Reina Sofía : les artistes, galeristes, responsables d'institutions et professionnels de la culture protestaient non seulement contre la hausse de la TVA, de 8% à 21%, mais aussi contre les réductions budgétaires qui affectent ce secteur, déjà fragilisé par la crise.
Pour en savoir plus : l'article d'El País.

Les professionnels se mobilisent et alertent les autorités sur les conséquences d'une telle hausse, notamment :

-  un cri pour la culture, avec la présence de Pedro Almodovar au Matadero,
http://elpais.com/cultura/2012/07/21/videos/1342904135_300681.html

- le festival musical Dcode, qui aura lieu à Madrid en septembre,

- les salles et les festivals de musique de Catalogne pensent que la hausse de la TVA va détruire ce secteur et les industries culturelles catalanes s'unissent contre cette mesure...



La mobilisation devrait se poursuivre...

De la pierre au numérique, un atelier Medialab

Arrivée au Matadero, j'ai pu concrètement voir comment se passait un atelier de Medialab.
J'avais beau avoir eu quelques informations sur cette structure municipale originale, cela restait un peu abstrait, même si Medialab a quelques points communs avec la Gaîté lyrique sur les arts numériques.

Merci à Marcos García, Gabriel Lucas et Mónica Cachafeiro.


Medialab ?


Medialab-Prado est un programme développé par les Affaires culturelles de la Ville de Madrid depuis 2000, orienté vers la production, la recherche et la diffusion de la culture numérique, dans des domaines comme l'art, la science, la technologie et la société, dans leur singularité mais aussi dans la manière dont ils interagissent.
L'objectif principal était de créer une structure dans laquelle la recherche et la production sont des processus perméables et indissociables, qui impliquent la participation des utilisateurs.

Pour cela Medialab propose :
· un espace permanent d'information, d'accueil et de rencontres avec des médiateurs culturels.
· des appels à projets ouverts et collaboratifs

L'idée est de placer l'utilisateur au coeur de ce programme, et de ne pas le considérer comme un public passif, mais plutôt comme un acteur à part entière, qui peut  trouver sa place dans un projet et apporter son point de vue une valeur ajoutée. Grâce à l'outil internet, l'élaboration d'un projet se fait de manière collaborative, en communauté d'utilisateurs, dans un souci de transmission de contenus libres, qui n'appartiennent alors ni au domaine privé ni au domaine public, mais qui relèvent de "biens communs".

Les activités sont gratuites et ouvertes au public.
Peuvent avoir lieu des ateliers de production de projets, des conférences, des séminaires, des rencontres, des présentations, des concerts, etc..
La majorité des activités sont visibles en vidéo sur le site.
 
Après une première étape au Centre Culturel du Conde Duque, MedialabMadrid s'est retrouvé en septembre 2007 dans un nouveau lieu place des Lettres, en sous-sol d'une ancienne scierie, la "Serrería Belga", actuellement en restauration par les mêmes architectes qui ont fait le Pavillon de la Musique au Matadero : Langarita-Navarro arquitectos. 7000 m² devraient ouvrir ainsi au public en septembre, avec 3 résidences d'artistes, après plus de 3 ans de travaux.

Quelques photographies de la visite de chantier et merci à Carlos Baztan pour cette visite de chantier :



Ecran numérique sur une des façades

Vue du patio intérieur

Vue du patio intérieur



MedialabMadrid est devenu Medialab Prado, profitant de sa nouvelle localisation au cœur du "Quartier des Lettres", en face du Musée du Prado, du Musée Reina Sofía et de CaixaForum. Compte tenu de l'ampleur des travaux (l'ouverture est prévue en septembre), Medialab est en ce moment hébergé au Matadero dans les locaux d'Intermediae.

En 5 ans, Medialab a développé 300 projets...

Concrètement... exemple d'un atelier, de la pierre au numérique


Un atelier s'est tenu au Matadero : la création d'une nouvelle typographie en s'inspirant des inscriptions de la façade de la "Serrería Belga", édifice historique qui devrait donc bientôt accueillir toute l'équipe de Medialab.

Vue extérieure des façades

Vue extérieure des façades



Un appel à canditatures a été lancé auprès de graphistes qui en échange d'une formation gratuite de plusieurs jours au logiciel idoine ont numérisé et vectorisé la nouvelle typographie, disponible en libre accès sur Open Font Library. Cet atelier a eu lieu dans un espace libre du Pavillon de musique du Matadero. Les formateurs étaient deux professionnels d'un studio de designers, Manufactura independente,  basé au Portugal pris en charge par Medialab.

Pour voir plus en détail le processus, c'est par .

Essai de typographie

Atelier dans le pavillon de musique

Essai de typographie


Pour télecharger gratuitement la nouvelle typographie "Serrería", c'est ici et .

Les travaux, très réussis, sont ici et ci-dessous :