vendredi 29 juin 2012

Festival d'été à Madrid : c'est parti !

"Veranos de la Villa", c'est maintenant et ça dure deux mois...


Organisés par la Ville de Madrid, "Veranos de la Villa", littéralement "Etés de la Ville", ont débuté cette semaine à Madrid : deux mois de spectacles de tout genre, gratuits ou payants selon.

Du 27 juin au 2 septembre, quasiment tous les soirs, le public madrilène aussi bien que les touristes de passage pourront assister à un événement culturel : musique, danse, théâtre...
Seule artiste française au programme, Charlotte Gainsbourg a ouvert la saison mercredi se produisant pour la première fois à Madrid, au "Circo Price", nouvelle salle municipale, inaugurée en 2007.


"Veranos de la Villa" existent depuis 29 ans ! Cette année, au regard de la crise, le budget de l'événement s'est vu amputé de 45% : cela coûtera à la Ville 1.200.000 euros cette année, contre 2.284.000 euros en 2011. L'adjoint à la culture Fernando Villalonga s'est exprimé lors de la présentation à la presse sur le sujet : "malgré la réduction budgétaire de plus d'un million d'euros, la programmation demeure importante et de qualité dans ces moments difficiles".

Un programme donc riche et varié, musique classique, flamenco, fado, pop, variété, ballet, cirque, performances, poésie, à découvrir ici (en français) pour les plus curieux.

Pour ma part hier, j'ai eu la chance d'assister au spectacle Danza y Tronío y Suite Sevilla du "Ballet Nacional de España", dirigé par Antonio Najarro, au pied du Palais Royal, dans les jardins de Sabatini qui offrent cette année le programme en plein air le plus dense du festival... Le fond de scène n'est autre que la façade du Palais Royal... magique...




jeudi 28 juin 2012

Madrid Río, un projet titanesque

Il y a deux siècles, Goya dépeignait une scène bucolique sur les berges du fleuve madrilène, le Manzanares.


Aujourd’hui, et ce depuis 2011, pique-niquer sur les berges du fleuve est redevenu une réalité alors que pendant des années, la ville a tourné le dos à son fleuve.


Comme je le mentionnais dans un précédent article, dans l’histoire des métropoles mondiales, rares sont les projets urbains de telle envergure.
 Un grand merci à Emilio Martínez Vidal pour la présentation complète du projet. Toutes les photographies sont créditées © Ayuntamiento de Madrid.

 

« Madrid Río » en chiffres


- l'enfouissement d'une partie du périphérique M-30, qui coupait la ville en deux, notamment le long du fleuve Manzanares
- un espace linéaire de plus de 10 kilomètres de berges réaménagées le long de la rivière Manzanares
- 2 projets en 1, qui ont duré 8 ans
- 2 milliards d’euros
- 33 ponts et passerelles (dont 26 nouveaux passages pour piétons et cyclistes)
- 1.210.881 mètres carrés de parc linéaire, où ont été plantés 33.623 nouveaux arbres de 47 espèces différentes, 470.844 arbustes de 38 espèces
- 30 kilomètres de pistes cyclables
- 33 aires sportives
- 17 aires de jeux
- 3 plates-formes d'évènements culturels
- 5.506 nouveaux bancs
- 63 fontaines
- 8.528 lampadaires
- 1 plage urbaine composée de 3 bassins : elle se situe dans le Parc de l'Arganzuela et réponds à la demande formulée par les enfants dans le cadre du "Concours pour enfants et adolescents Madrid Río", organisé en 2005.
- 5 miradors
- 6 arrondissements sont concernés par ce projet Moncloa-Aravaca, Centro, Arganzuela, Latina, Carabanchel et Usera.

Deux projets en un :


Madrid Río ce n’est pas juste l’aménagement des berges du Manzanares, c’est avant tout un projet urbain et l'enfouissement sous terre d'une partie du périphérique M-30 qui coupait la ville en deux (31 km), notamment le long du fleuve : projet intitulé "Calle 30" (Rue 30). Cette première phase de travaux a eu lieu entre 2003 et 2007. Le maire de l'époque, Alberto Ruiz-Gallardón Jiménez (Maire de Madrid de 2003 à 2011), avait promis cet aménagement lors de sa campagne, sous le thème de la mobilité, des transports et du développement durable. Dès le début de sa mandature, les études puis les travaux se sont succédés.
L'aménagement des berges, projet intitulé "Madrid Río", s'est ensuite effectué de 2007 à 2011.

 

Madrid et son fleuve : une histoire mouvementée


La ville s'est construite en tournant le dos à son fleuve. En témoignent les deux images ci-dessous de 1940.

Madrid et son fleuve en 1940

Vue aérienne de Madrid en 1940
Historiquement, le fleuve était synonyme de danger, d'insécurité, de maladie même (à la fin du XIXe siècle, la malaria sévissait encore).

Au fil du temps, la ville s'est aggrandie. Le M-30, premier périphérique, a été créé vers la fin des années 1960. Puis sont venus s'ajouter le M-40 et le M-50, faisant perdre au M-30 sa fonction première de périphérique, tout en demeurant un axe majeur de circulation à l'intérieur même de la Ville, facteur de pollution, d'accidents et de problèmes divers et coupant la ville en deux. Cette barrière ne se contentait pas d'être géographique : c'était aussi une barrière sociologique, sociale, fonctionnelle, et psychologique. Les liens étaient rompus.


Vue aérienne : le fleuve Manzanares et le M-30

Le M-30


Les travaux du projet "Calle 30" : une prouesse technologique


Pendant toute la durée des travaux (2003-2007), la circulation n'a jamais été bloquée.
Quelques photographies ci-dessous montrent l'ampleur de cette première phase de travaux qui consistait donc à l'enfouissement sous terre d'une partie du périphérique "M-30".


Les travaux ont lieu sur la gauche. A droite, la voie de circulation provisoire et la voie normale.

Vue aérienne

Machine pour creuser

Modélisation des percements




Concours d’architectes pour "Madrid Río"


En 2005, la municipalité de Madrid a organisé un concours international d'idées pour l'aménagement des berges du fleuve Manzanares, espaces nouvellement libérés du trafic. Le projet retenu fût le M-Río, présenté par les agences d'architecture Burgos  & Garrido, Porras & La Casta, Rubio & Álvarez Sala, et par l'étude hollandaise de paysagisme West 8.
L'aménagement a eu lieu de 2007 à 2011, et "Madrid Río" a pu être inauguré le 15 avril 2011.

 

Un axe écologique et environnemental


L'obstacle qui séparait jusqu'alors les quartiers des deux rives étant désormais levé, Madrid Río permet véritablement d'intégrer les arrondissements du centre et du sud-ouest de la ville. Outre cette réconciliation entre les deux quartiers (33 ponts et passerelles relient les berges du fleuve), Madrid Río a permis de faire se joindre les deux autres poumons verts de la capitale que sont la Casa de Campo et le Parc du Manzanares.

Le "Salón de Pinos" : une promenade de 7 kilomètres de long, jalonnée d'arbres et notamment de pins, où l'on peut trouver des aires de jeu pour enfants, des circuits de remise en forme et des espaces de repos, le tout associé à des itinéraires pour piétons et cyclistes. Le sentier démarre au nord du Pont "del Rey", près du Pont de "los Franceses", et atteint quasiment le Nudo Sur. La promenade s'étend sur la rive droite, excepté sur un tronçon d'environ 500 mètres, entre le Pont "Oblicuo" et le Pont "del Principado de Andorra", où elle passe sur la rive gauche et permet d'effectuer un parcours circulaire entre les deux promenades piétonnières et cyclistes.

Parc de l'Arganzuela : c'est la principale zone de jardins de Madrid Río, avec un total de 23 hectares qui représentent trois fois la superficie de l'ancien parc construit dans les années 1960. Tout l'espace est sillonné d'itinéraires pour piétons et cyclistes et il existe 5 zones de loisirs pour différents âges avec notamment une jungle de troncs et la colline des toboggans.

Le "Salón de Pinos" en images modélisées puis au moment de sa réalisation :







Avant / après


Le pont "del Rey" (du Roi), construit en 1816,  et sa nouvelle esplanade





Le pont de Segovia, le plus ancien de Madrid, construit entre 1572 et 1588





Le pont de Toledo, réalisé entre 1649 et 1660



Vue en 3D

Réalisation

Nouveau pont vert en "Y"



Vue en 3D



Ponts jumeaux de l'Invernadero et du Matadero








Nouveau pont  monumental de l'Arganzuela, 274 mètres de long, architecte Dominique Perrault



Madrid Río peut se rapprocher d'autres projets dans le monde :
- à Séoul, le Cheong Gye Cheon, pour  l'aménagement des berges du fleuve.
- à Chicago, le Millennium Park comme projet de service public.

Pour en savoir plus : site de la mairie de Madrid
Télechargez le plan géneral de Madrid Río ici.

lundi 25 juin 2012

WE culturel à Madrid

Premier week-end à Madrid, riche en événements culturels


Première Foire du Livre d'Art à Madrid


S'inspirant d'Art Book Fair de New York ou encore d'Arts Libris à Barcelone, la première édition de la Foire du livre d'Art "Masquelibros" s'est tenue dans l'improbable Bibliothèque de las "Escuelas Pías de San Fernando" à Madrid.



Plus de 50 exposants, galeries, maisons d'édition, institutions, artistes-plasticiens nationaux et internationaux, étaient présents, comme les galeries Juana de Aizpuru, Espacio Valverde, Dan Benveniste, Edurne, José Robles, Raquel Ponce, les maisons d'édition Larga Marcha, Editorial EEGEE3, la "Casa Velázquez", la Bibliothèque Nationale et notamment l'artiste David Trullo.

Ce lieu étonnant, la Bibliothèque de las "Escuelas Pías de San Fernando", a donné une dimension quasi sacrée à cette présentation. Comme d'autres édifices religieux de Madrid, cette église - école, fondée au XVIIIe siècle, a été incendiée lors de la guerre civile espagnole, en juillet 1936, puis est restée en l'état jusqu'en 2001, date à laquelle il a été décidé d'y aménager la bibliothèque de l'UNED (Universidad Nacional de Educación a Distancia). Cette réhabilitation a commencé en septembre 2001 et l'édifice a été inauguré en 2004.





Autres événements de ce week-end


Egalement la Fête de la Musique au Matadero avec 4 scènes différentes, 2 en plein air et 2 dans en intérieur, ainsi que des artistes et musiciens pour tous les goûts (en ce qui me concerne deux découvertes : Tindersticks, et Two Doors Cinema Club).

Mais aussi deux spectacles de danse :

Après avoir vu "Hamlet" en espagnol la semaine dernière, toujours au Matadero, non sans effort de concentration et de compréhension, ce week-end, je me suis "rabattue" sur des spectacles de danse !

Au Théâtre Zarzuela

"Una noche con Jirí Kylián", trés belle performance mise en scène par José Carlos Martínez, reprend 3 pièces du chorégraphe tchécoslovaque Jirí Kylián par la Compagnie Nationale de Danse. Créées entre 1991 et 2004, « Petite Mort », « Sinfonía de los Salmos » et « Sleeplees » sont les chorégraphies de courte durée choisies pour montrer l'éventail créatif de Jirí Kylián. Pour en savoir plus, voir le site Web: www.cndanza.net/



Au Théâtre municipal Fernán Gómez

J'ai aussi vu un spectacle très émouvant de danse contemporaine, intitulé Identities Project, qui réunissait cinq femmes, de plus de 50 ans, des 4 coins de l'Europe : Mariko Aoyama (franco-japonaise) résidant à Paris, Catherine Allard (belge) et Susan Kempster (hispano-australienne) résidant à Barcelone, Hilde Koch (hispano-allemande) résidant à Alicante et Mónica Runde (hispano-allemande) résidant à Madrid, sous la direction de Charles Iturrioz et de Natalia Menéndez.
Ces femmes ont travaillé aux côtés de grands artistes comme Pina Baush, Maurice Béjart, William Forsythe, Mats Ek, Jiri Kylian ou Nacho Duato. Elles sont chorégraphes, danseuses, elles parlent de l'identité et de rencontre.



Ce spectacle clôturait l'édition 2012 du Festival municipal "Danza en la Villa" (Danse en Ville). Pendant tout le mois de juin, des danseurs et des chorégraphes ont participé à ce cycle, qui a conjugué différentes disciplines : le ballet, le flamenco, la danse classique, la danse contemporaine ou encore la street dance.