mercredi 11 juillet 2012

Centrocentro, une image à conquérir

Comme vu dans ce précédent article, ici, Centrocentro est l'un des trois grands centres culturels récents de la municipalité consacré à la Ville et aux projets urbains de la capitale(un peu équivalent au Pavillon de l’Arsenal), avec en son sein des espaces d’exposition sur Madrid (également équivalent aux Salons de l’Hôtel de Ville de Paris qui présentent des expositions en lien avec la capitale). CentroCentro a l'ambition de devenir un lieu de référence sur la ville et un pont jeté vers d'autres grandes métropoles confrontées aux mêmes défis du XXIe siècle. La vie urbaine est le fil conducteur de sa programmation d'expositions.



Un emplacement stratégique

Centrocentro occupe une partie du Palacio de Cibeles (Palais de Cybèle), actuel Hôtel de Ville de Madrid, et ancien siège des postes et télégraphes espagnols, réalisé en 1904 par les architectes Palacios et Otamendi. Les travaux menés par l'architecte Francisco Rodríguez Partearroyo, qui ont duré six ans, ont permis de le préparer à un usage culturel.



Situé au cœur de Madrid, le Palacio de Cibeles s'inscrit géographiquement dans le non moins célèbre "Paseo del Arte", la Promenade de l'Art, probablement l'un des axes au monde qui regroupe le plus de richesses artistiques et culturels. Sur un peu moins d'un kilomètre, se trouvent le Musée du Prado, le Musée Thyssen-Bornemisza et le Musée Reina Sofía. L'emplacement stratégique du Palacio de Cibeles donne une belle visibilité à la Ville de Madrid qui s'inscrit désormais, grâce à Centrocentro, dans ce parcours artistique, jalonné d'institutions nationales.

Comment se faire un nom ?


Ouvert il y a un an, Centrocentro n'a cependant pas atteint sa "vitesse de croisière" à ce jour. Car le Palais de Cybèle abrite aussi l'Hôtel de Ville et une partie des services de l'administration municipale. Le conseil de Madrid s'y tient tous les mois. Ce double hébergement n'aide pas Centrocentro à asseoir son identité et à être identifié comme un lieu culturel ouvert à tous, gratuit, proposant expositions et activités.

Un premier indice sur cette quête d'identité est la confusion qui règne aujourd'hui sur sa dénomination : étant situé au "Palacio de Cibeles", certains continuent de le nommer "Cibeles" bien que sa première appellation, actée à l'ouverture et reprise sur toute la signalétique de l'édifice, soit "Centrocentro".



Aujourd'hui son directeur José Tono Martínez m'a expliqué avoir rajouté un sous-titre à "Centro Centro", qui est "Cibeles de Cultura y Ciudadanía", avec pour abréviation "5Cs", une façon de poser aussi les mots qui définissent les valeurs de ce nouveau centre.
A suivre donc...


 

Et demain ?

Centrocentro devrait poursuivre sa programmation d'exposition (en ce moment, plusieurs expositions gratuites de photographies sur Madrid sont à l'affiche) et développer d'autres animations, par exemple des ateliers jeune public, comme le souhaite son directeur.


L'accueil et la documentation devraient rester un point fort de Centrocentro : deux espaces publics invitent le visiteur à se poser, conçus comme des points de rencontre, de lecture et de repos. Ils proposent des publications sur la ville de Madrid, des catalogues et des brochures, la presse quotidienne et spécialisée, en consultation sur place, ainsi que des iPads permettant de naviguer sur Internet et consulter l'agenda culturel.



Aujourd'hui, deux cafés-restaurants sont en concession, dont un en terrasse avec vue sur toute la ville. A été inauguré récemment l'Observatoire des Villes du XXIe siècle, évoqué précedemment ici. Une librairie devrait ouvrir également.

Reste pour Centrocentro à s'affranchir symboliquement de cette identité "Hôtel de Ville" pour gagner son appartenance au tissu culturel de proximité riche et dense et capter de nouveaux publics. 

D'autres pistes sont en cours de réflexion... A suivre...

mardi 10 juillet 2012

Le "Conde Duque" : la mémoire de la ville en partage

Comme vu dans ce précédent article, ici, le Conde Duque est l'un des trois grands centres culturels récents de la municipalité. Il est actuellement ouvert au public bien que sa restauration ne soit pas complètement terminée. Un grand merci à Javier Aguilera Rojas, Chef du département des Infrastructures culturelles à la Direction
générale du  Patrimoine culturel, qui a supervisé la restauration récente, pour la visite. La plupart des photographies sont créditées © Ayuntamiento de Madrid, à part quelques unes prises lors de ma visite (celles de l'Observatoire à la fin de l'article).


Au sein des Affaires culturelles de la Ville de Madrid, la Direction générale de Patrimoine culturel prend en charge la création de l'ensemble des infrastructures culturelles, soit en construisant de nouveaux édifices, soit en restaurant des bâtiments appartenant à son patrimoine historique, et ce pour le compte des bibliothèques, des archives, des musées ou encore des centres culturels. Le Conde Duque fait partie des édifices restaurés pour en faire un centre culturel.
Il peut être considéré comme le dernier grand exemple de l'architecture industrielle madrilène. Il s’agit d’une ancienne caserne militaire, aujourd'hui dédié à la mémoire de la Ville.

Dessin ancien



Vue actuelle
L'esprit de ce projet consiste à fournir au public un espace central dans lequel des services, avant dispersés, se retrouvent réunis en un seul lieu dédié à l’étude, à la  recherche et à la culture, autour du thème de la mémoire de la Ville. Outre les espaces d’exposition de taille, ce lieu regroupe les Archives de la Ville, les Archives de presse, la Bibliothèque Historique, une Bibliothèque Musicale, la Collection Municipale d'Art Contemporain (le musée n'est pas encore ouvert au public), ainsi qu'une salle de théâtre et un auditorium.
La plupart des services et des activités du Conde Duque sont gratuits.

1- Un projet culturel à réinventer, un public à reconquérir


Inauguré il y a un an, ce centre culturel pluridisciplinaire flambant neuf a subi la crise, ce qui ne lui a pas permis d'ouvrir au public dans de bonnes conditions. Cela constitue aujourd'hui un beau défi pour le nouveau directeur du lieu, Juan J. Herrera de la Muela. Il a pris ses fonctions il y a un mois et se donne encore quelques semaines pour présenter le nouveau projet culturel de son établissement. Dans les grandes lignes, il souhaite "rendre" cet espace aux habitants, aux Madrilènes, qui doivent encore s'approprier l'espace, privilégier l'éducation artistique et redonner une identité forte au lieu, avec par exemple la création d'un site web propre (aujourd'hui des pages sont dédiées sur le site touristique de la Ville de Madrid, à voir ici). 

Ce centre culturel municipal a pour tutelle deux entités :
- pour la coordination générale et l’organisation d’événements, il dépend de MACSA, entreprise municipale, sous forme de S.A., rattachée aux Affaires culturelles, dont le capital est détenu à 100% par la Ville.  
- pour la gestion des institutions culturelles résidentes au Conde Duque, comme les Archives, les Bibliothèques, etc., il dépend de la Direction générale des bibliothèques, des archives et des musées (Affaires culturelles).

2- Repères géographiques et chronologiques


Cet édifice a presque 300 ans.
Plan ancien

 Situation dans la ville





Retour sur un passé mouvementé

1717 : Felipe V charge l’architecte Marqués de Vadillo de la construction d’une nouvelle caserne militaire.  
1754 : L’édifice est terminé.

1841 : Changement de fonction : il devient une école militaire et une cavalerie.  
1846  : La cavalerie occupe tout l’édifice.

1859 : Un premier incendie affecte la façade principale. 
1869 : Un nouvel incendie dévastateur endommage gravement le bâtiment.

1916 : Devient un musée un musée de la Cavalerie.
1934 : La Mairie de Madrid propose de démolir le bâtiment pour en faire un jardin public.
1943 : L’armée rachète le terrain. 
Années 1950-1960 : A nouveau, la question de la démolition de l’édifice est d’actualité, au regard de son très mauvais état de conservation.

1969  : La Mairie de Madrid acquiert l’édifice en passant un accord avec le Ministère de l’Armée.
1975 : Première exposition organisée “Conde Duque + Liria”, déterminante pour  l’avenir du bâtiment. La Mairie de Madrid rénovera le bâtiment pour en faire un lieu culturel.
1976 : Le Bâtiment est inscrit au Patrimoine national comme Monument Historique et Artistique.
1981 : A l’issue d'un concours, l'architecte Julio Cano Lasso est retenu pour la restauration du bâtiment et son à son nouvel usage en tant que centre Culturel.
1982 : Début des travaux.
1983: Certains espaces sont occupés provisoirement par un Centre informatique et la police municipale.
1984 : Le Conde Duque commence à fonctionner comme centre culturel et administratif municipal. Il accueille alors en son sein :
Archives de presse de la Ville / Archives de la Ville  / Bibliothèque historique / Bibliothèque Centrale / Bibliothèque Musicale / L’imprimerie artisanale de la municipalité / Salles d’exposition / Auditorium / Direction de la Culture, de la Jeunesse et des Sports / Centre informatique / Police Municipale.

A partir de 1984 : Le Conde Duque s’impose comme un grand centre culturel municipal.

En 2004 : 40% du bâtiment se trouvait non utilisé et non restauré. La cohabitation de toutes ces institutions municipales sans réflexion sur la distribution des services publics, les flux des personnes et les accès ont fini par provoquer des problèmes de fonctionnement, limitant ainsi l’activité du centre, qui n’offrait plus un accueil de qualité à l’usager, ni un service adapté à la demande croissante et la diffusion des fonds importante.


Partie restaurée

Partie restaurée et non restaurée en 2004

Partie non restaurée

2005 : Nouveau plan directeur du Conde Duque avec pour objectifs la réorganisation générale du bâtiment pour en améliorer le fonctionnement et la rénovation intégrale des espaces.

Vue en 3D du projet


3- Une restauration de taille 



La coordination du projet a été menée par la Direction du Patrimoine culturel, du « Gobierno de las Artes » de la Mairie Madrid.

Chiffres-clés



60.000 m²
69 millions d’euros dont les 2/3 pris en charge par l’Etat
6 équipes d’architectes
8 entreprises de BTP
4 phases de travaux
6 années de restauration (2006-2011)

Quelques vues avant / après






Un projet rationnel

Le projet a placé les institutions culturelles historiques au Nord du bâtiment, et les nouveaux équipements culturels au Sud, chaque entité possédant son propre accès, clair et visible, son autonomie de fonctionnement et son organisation verticale (chaque niveau correspond à la même fonctionnalité).

1- Archives presse
2- Archives de la Ville
3- Bibliothèque musicale
4- Musée d'Art contemporain
5- Bibliothèque historique
6- Auditorium
7- Cafétéria, boutique, librairie
8- Salle de conférences
9- Théâtre
10- Salles de danse
11- Salles d'exposition


4- Les espaces et les institutions résidentes


Pour tout savoir sur les institutions hébergées au Conde Duque liées à la mémoire de la Ville de Madrid, mais aussi voir les collections en ligne, découvrir les expositions virtuelles, il suffit de se rendre sur le portail web "Memoria de Madrid" .

1- Archives presse

Elles réunissent les publications des périodiques depuis leurs créations (XVIe - XVIIe siècles) jusqu'à aujourd'hui.
La presse issue du monde entier, jusqu'à la moitié du XXe siècle, est ici conservée.
A noter l'importante collection des débuts de la presse espagnole, témoignage historique.



2- Archives de la Ville

Les archives de la Ville conservent, organisent, inventorient les documents produits ou reçus par la Mairie de Madrid depuis le XIIe siècle. Ses installations occupent plus de 17.000 mètres linéaires de rayonnages.



3- Bibliothèque musicale






4- Musée d'Art contemporain

Actuellement en restauration, il devrait ouvrir au public prochainement.


5- Bibliothèque historique

Pour information, le catalogue de la Bibliothèque historique est en ligne ici.

6- Auditorium





7- Cafétéria, boutique, librairie

Pas encore en service.

8- Salle de conférences






9- Théâtre




10- Salles de danse, de répétition



11- Salles d'exposition



12- L'observatoire

Pour finir cette présentation, quelques vues de l'observatoire et depuis l'observatoire....